Le mois sans voiture, un pari réussi ?

Est-il vraiment possible de se passer de voiture à Bordeaux ? En 2015, Koolicar en a fait le pari, en organisant une opération “Sans Ma Voiture”. Cette année, du 31 mai au 30 juin 2017, une deuxième opération va être lancée. L’occasion de revenir sur les acquis de la première expérience.

Deux mois sans voiture. C’est l’expérience qu’ont vécu il y a deux ans des résidents des quartiers Chartrons et Jardin Public en rejoignant l’initiative « Sans ma voiture » lancée par Koolicar. Le but ? Montrer comment se déplacer partout à Bordeaux uniquement grâce aux transports en commun, à vélo, ou à pied, pour faire des économies ou réfléchir à des alternatives moins polluantes. Les participants ont laissé leurs voitures dans un parking sécurisé. En contrepartie, tous ont obtenu un accès facilité aux offres de mobilité alternative (gratuité des transports en commun, mise à disposition de vélos…).

A l’époque, 32 personnes s’étaient lancées dans l’opération, contre 70 espérées au départ par les organisateurs. Bilan : après 63 jours de vélo, tram, bus, marche à pied, covoiturage ou autopartage, près de la moitié des 32 participants de Bordeaux Métropole ont revendu leur voiture, soit 44 % d’entre eux. Simon Barthélémy, rédacteur en chef de Rue 89, a participé à l’initiative. Il revient sur l’expérience.

L’objectif de l’opération qui va être reconduite cette année n’est pas seulement écologique, mais vise à démontrer aux utilisateurs que se passer de sa voiture est possible. D’autant que ce moyen de déplacement a un prix non négligeable : l’automobile représente un budget annuel moyen de 5 000 €. Un double enjeu donc, à la fois écologique et économique.

Abandonner sa voiture, un vrai challenge

L’initiative « Sans Ma Voiture » semble marcher. Pour l’heure, le nombre de participants à la prochaine opération est plus élevé qu’il y a deux ans, avec 70 inscrits, selon les organisateurs. Laure Quattrocchi va participer à la prochaine opération. Ce qui l’a convaincue, c’est le “côté écologique” et les compensations financières proposées : “Depuis que j’habite dans le centre j’utilise très peu ma voiture. J’habite à 10 minutes à vélo de mon travail et je n’y vais jamais en voiture, c’est impossible de trouver une place pour se garer. Mais le reste du temps, je suis à l’IUT côté Bastide. Et là, ça va être un challenge d’abandonner ma voiture, parce que pour m’y rendre je mets environ 15 min en voiture contre 30 min en transports en commun, donc presque le double… La solution serait d’y aller à vélo, mais tout dépend du temps. »

Pour Laure, la première difficulté sera de rejoindre sa famille qui habite du côté de Saint-Emilion. Comme alternative, elle pense utiliser le train grâce aux réductions TransGironde, ou encore en profiter pour se mettre au covoiturage et user des réductions d’autopartage.

La question reste de savoir si elle arrivera à se séparer de sa voiture à la fin de l’opération : “Avec mon compagnon, nous avons deux voitures. L’idée serait de les vendre pour acheter un van. Mais j’attends de voir comment se passe l’expérience”, ajoute-t-elle.

Favoriser le covoiturage

Trams bondés, ou encore mauvais état du réseau pour les vélos. A la suite de la première opération, les participants avaient pointé du doigt certaines problématiques. Avec des pistes cyclables non protégées sur les boulevards et un nombre insuffisant d’arceaux pour attacher les vélos, beaucoup d’habitants hésitent encore à laisser de côté leurs voitures, malgré des parcs relais saturés. Le plus simple reste de mixer plusieurs modes de transport : transports en commun, marche, vélo personnel ou en libre-service.

En quête de bons plans pour remédier à la saturation des routes bordelaises, les utilisateurs comme Laure se tournent de plus en plus vers de nouvelles plateformes comme Citiz, évoquée dans la vidéo, ou encore Boogi. L’appli, en partenariat avec TBM (Transport Bordeaux-métropole) combine covoiturage et transports en commun. Cette dernière propose une solution innovante de mise en relation de personnes souhaitant faire du covoiturage pour les courtes distances, sur rendez-vous ou immédiatement, à l’aide d’un système de GPS qui repère le covoitureur. Le tout, en essayant de remédier à la saturation des parcs relais du réseau TBM.

Mais l’obstacle majeur pour franchir le pas reste de proposer une carte ou un pass unique qui permettrait de regrouper tous les moyens alternatifs. Parole d’utilisateur. En attendant l’amélioration des conditions de circulation, une prochaine occasion est offerte pour tenter d’abandonner définitivement la voiture.

Laura Brunet, Narjis El Asraoui, Claire Thoizet, Alexandra Jammet et Raphaëlle Chabran

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