Le Sud-Ouest, pas qu’une terre de rugby

Longtemps considérée comme une terre de l’ovalie, la Nouvelle-Aquitaine est la deuxième région de France comptant le plus de licenciés dans un club de rugby en 2015. En réalité, ce sport est en perte de popularité dans la région. Il est dépassé par le football, le tennis et l’équitation.

 

 

Sans aucun doute. Pour le géographe spécialisé dans le sport Jean-Pierre Augustin, le Sud-ouest est toujours une terre de rugby. En soulignant l’enracinement historique de ce sport dans cette région, l’universitaire explique cet attachement des habitants pour le ballon ovale par les structures amateures et professionnelles existantes. La Nouvelle-Aquitaine est d’ailleurs la région qui compte le plus de clubs dans l’élite du rugby national (Top 14 et Pro D2).

 

 

Une sur-représentation expliquée, selon Jean-Pierre Augustin, par des structures et des clubs en forte activité. Même la Charente-Maritime, département moins connu pour son rugby, connait un essor considérable cette année du fait de la performance de son club phare, La Rochelle. Ce dernier, premier de la saison régulière de Top 14, a largement été médiatisé grâce à sa qualification en demi-finale du championnat. Et cette exposition devrait accroître le nombre de licenciés dans ce département.

 

Jean-Pierre Augustin justifie cette décroissance par un glissement des licenciés de rugby vers d’autres sports. La Nouvelle-Aquitaine connait une multiplication des pratiques qui offre un choix plus ample pour ses habitants. Les jeunes, ont eu tendance à passer plus facilement d’un sport à un autre. Alors que traditionnellement, « ils étaient plus attachés à un sport plutôt qu’à un autre », explique le géographe.

 

Le rugby féminin en plein essor

Les sports dominants chez les femmes et les hommes en 2015:

Faire glisser


Le rugby est le troisième sport le plus pratiqué par les hommes en Nouvelle-Aquitaine. En 2015, ils étaient 59 450 à être inscrits dans un club de la région. Néanmoins, ce nombre tend à diminuer. Entre 2011 et 2015, la FFR a perdu 6 % de ses licenciés masculins.
Cette tendance s’inverse chez les femmes. Le nombre de licenciées a augmenté de 26 % de 2011 à 2015. Mais le rugby reste un sport mineur au féminin. Selon les chiffres du ministère des Sports, elles sont 3 849 à être membre d’un club de la Nouvelle-Aquitaine.

Le club du Stade Bordelais s’est bien rendu compte de ce changement. Face à la multiplication du nombre d’inscrites, les dirigeants du club ont dû créer une équipe supplémentaire en 2014. Selon Mathieu Codron, l’entraîneur de l’équipe féminine sénior du Stade Bordelais, cette augmentation est due aux bons résultats de l’équipe féminine de France mais aussi aux valeurs de son sport. « Le rugby est complet. Il y a du combat. Puis, on cultive la bonne ambiance » affirme-t-il.
L’évolution de la popularité du rugby chez les femmes ces dernières années est aussi le résultat d’un plan de féminisation du sport lancé en 2013 et rendu obligatoire par l’État au sein des fédérations de sport.
Pour la sociologue du sport de l’université de Bordeaux, Marina Honta, il faut aussi prendre en compte l’évolution des mentalités dans le sport. « Traditionnellement, les disciplines de contact où le corps s’engage est l’apanage des garçons. Les sports individuels comme l’équitation sont plutôt pratiqués par les femmes. Mais aujourd’hui, les représentations sociales évoluent. Ce phénomène pousse les femmes à aller massivement vers le rugby mais aussi vers d’autres sports collectifs comme le football ».

Le sport professionnel comme locomotive

Mathieu Codron se souvient également de la forte influence qu’a eu la Coupe du monde 2014 sur le rugby féminin : « cette compétition organisée en France a vraiment insufflé une nouvelle dynamique dans le pays« . D’autant que les bleues ont terminé sur le podium. Une influence des grandes compétitions sur le nombre de licenciés que l’on retrouve dans plusieurs autres sports. C’est particulièrement le cas pour la natation, le basket-ball et le handball en Nouvelle-Aquitaine.

Une grande compétition en France pourrait donc être le moyen de relancer une nouvelle dynamique pour le rugby en Nouvelle-Aquitaine. Le projet de la Coupe du monde 2023, s’il se réalisait, tomberait à pic. La ville de Bordeaux s’est déjà portée candidate pour accueillir la compétition dans son stade Matmut Atlantique.

Article réalisé par Antoine Roynier, Jules Lonchampt et Kévin Gaignoux.

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